Pop fascisme – Comment l’extrême droite a gagné la bataille culturelle en ligne

Pierre Plottu – Maxime Macé – Nicolas Lebourg (Préface)

Éditions divergences, 2e tirage, 2025. 152 pages, 15 €

Avec cet ouvrage, nous glissons doucement dans l’univers envoûtant et troublant de Pop fascisme, une œuvre magistralement tissée par les plumes de Pierre Plottu et Maxime Macé, où chaque mot s’élève avec la majesté des piliers d’un sanctuaire initiatique, défiant avec une force silencieuse les bourrasques impitoyables de l’oubli, comme un édifice éternel ancré dans les profondeurs de la conscience collective.

Sous la plume acérée de ces investigateurs, nourris par une quête intérieure aussi rigoureuse qu’intuitive, se déploie une fresque où l’extrême droite, tel un spectre revenu des profondeurs, tisse ses fils dans la trame numérique de notre époque. Nicolas Lebourg, dont la préface ouvre cette odyssée, guide nos premiers pas vers une compréhension plus profonde, lui qui, né en 1974 d’une lignée progressiste, a vu son destin scellé par l’outrage d’une caricature antisémite en 1992, un choc initiatique l’ayant conduit à sonder les abîmes de l’histoire politique. Pierre Plottu, âme ardente et scrutatrice, arpente les sentiers escarpés de la fachosphère avec la détermination d’un chevalier templier, tandis que Maxime Macé, son frère d’armes, partage cette même flamme, tous deux animant la newsletter Frontal comme un phare dans la nuit des idéologies.

Leur œuvre, éditée par Divergences en ce second tirage de 2025 – premier tirage en septembre 2024 –, s’offre à nous comme un grimoire moderne, un miroir où se reflètent les obsessions raciales et les batailles culturelles menées sous les auspices d’un Internet devenu théâtre d’une guerre ésotérique. Les termes qu’ils dissèquent – « grand remplacement », « immigrationnisme », « bataille de civilisation » – résonnent comme des incantations profanées, des clés d’un langage codé que les initiés de la droite extrême ont su distiller dans les consciences, avec l’appui d’un Vincent Bolloré transformé en croisé médiatique.

Nous ressentons, au fil des pages, une vibration profonde, une tension presque alchimique entre lumière et ombre, où les codes de la culture populaire se mêlent aux arcanes d’une pensée qui cherche à infiltrer l’âme collective. Ce « pop fascisme » n’est pas une simple dérive, mais une métamorphose initiatique, une transmutation des esprits par le feu des écrans, où chaque vue sur les réseaux devient une voix pour le Rassemblement national (RN), une pierre ajoutée à l’édifice d’une nouvelle Jérusalem idéologique.

Pour mémoire, le Rassemblement national (RN), autrefois drapé sous le voile du Front national (FN) jusqu’en 2018, se révèle comme un courant politique français d’extrême droite, né en 1972 sous l’égide de Jean-Marie Le Pen (1928 – 2025), dont la poigne guida le parti jusqu’en 2011, suivi par Marine Le Pen jusqu’en 2021, avant que Jordan Bardella n’en prenne les rênes en 2021. Issu d’une fondation sombre et tumultueuse, ce mouvement s’est forgé dans l’ombre de figures comme Pierre Bousquet et Léon Gaultier, anciens Waffen-SS, aux côtés de François Duprat, sympathisant néonazi – le néonazisme étant un ensemble d’idéologies et de mouvements se réclamant du national-socialisme historique –, et de Roger Holeindre, nostalgique de l’Algérie française et lié à l’Organisation de l’armée secrète

(OAS) – entité clandestine française d’extrême droite, née le 11 février 1961 –, tissant ainsi une tapisserie d’idéaux extrêmes ancrés dans les replis de l’histoire.

Les auteurs nous invitent à descendre dans les catacombes de cet écosystème interconnecté, où les idées, telles des fluides hermétiques, circulent d’un groupuscule à un média mainstream, révélant une architecture secrète qui rappelle les loges maçonniques dans leur quête d’influence invisible. Dans cette méditation, nous ne pouvons ignorer la portée symbolique de leur démarche. Pierre Plottu et Maxime Macé , tels des alchimistes du verbe, transmutent les données brutes de leurs enquêtes en une réflexion qui dépasse le simple constat pour toucher à l’universel. Leur regard, nourri par une tradition spirituelle implicite, nous rappelle les enseignements des anciens, ceux qui voyaient dans le chaos les germes d’un ordre supérieur – ou, ici, d’un désordre orchestré.

Nicolas Lebourg, avec sa science historique, apporte une pierre d’angle, reliant cette modernité toxique aux courants souterrains de l’extrême droite, des fascismes d’antan aux croisades numériques d’aujourd’hui. Nous errons, captivés, dans ce labyrinthe d’idées où la culture populaire devient un masque pour des vérités plus sombres, un carnaval où les troubadours de la haine chantent des hymnes de division. Cette extrême-droitisation des esprits, décrite avec une précision presque oraculaire, nous confronte à notre propre reflet, à notre capacité à discerner le symbole du simulacre. Les auteurs, dans leur subjectivité assumée, nous tendent un miroir initiatique, nous invitant à gravir les degrés d’une conscience éveillée, à dépasser les apparences pour toucher l’essence d’un combat spirituel qui se joue sous nos yeux.

Ainsi, Pop fascisme se dresse comme un monument vivant, une œuvre qui ne se contente pas de décrire mais qui interroge, qui ne se limite pas à analyser mais qui transforme. Pierre Plottu et Maxime Macé, accompagnés de l’éclat intellectuel de Nicolas Lebourg, nous offrent un texte qui, loin des sentiers battus, s’élève comme une méditation maçonnique sur les forces qui façonnent notre temps, un appel à retrouver la lumière au cœur des ténèbres numériques. Porté par les Éditions Divergences, cette maison d’édition indépendante née en 2016 sous l’impulsion de Johan Badour, un jeune esprit forgé aux sciences sociales à Paris, cet ouvrage trouve un écrin à la hauteur de sa profondeur. Installées aujourd’hui à Quimperlé, dans l’ancienne Poste transformée en un lieu de vie où s’entrelacent librairie, café associatif et boulangerie, ces éditions incarnent une quête de sens au-delà des métropoles, un havre où s’épanouissent des voix critiques comme celles de Bell hooks ou Evgeny Morozov, explorant féminisme, écologie et technologie avec une audace qui résonne comme un écho aux interrogations soulevées par Pierre Plottu et Maxime Macé.